Il y aurait tant de bonnes raisons de vouloir bouder le scrutin présidentiel, de ne pas participer à cette mascarade de démocratie, de ne pas cautionner ce jeu de dupes, de ne pas accepter le même casting usé de candidats éculés. Il y aurait tant de bonnes raisons de contester les décisions prises par ces professionnels du mandat, de douter de l’impartialité de leur action, de se révolter contre les carences de nos institutions, de râler contre le copinage qui règne au sommet de l’État et de dénoncer les rapports incestueux entre cette élite autoproclamée et les médias qui nous font gober ses mensonges. 

Combien de couleuvres allons-nous encore avaler avant de nous révolter ? Combien d’affaires et de scandales faudra t-il encore supporter ? Combien de nuages de Tchernobyl, de sang contaminé, de Bygmalion, de Panama Papers, de McKinsey, de masques chirurgicaux inutiles ou de « phobies administratives » devrons-nous encore accepter ? Combien de Cahuzac, de Balkany, de Guérini ou de Benalla allons-nous tolérer avant de dire stop ? Jusqu’où allons-nous laisser s’envoler les dividendes des premiers de cordée du CAC 40 avant de réclamer une répartition équitable des richesses produites par les premiers de corvée ?

Face à de telles pratiques et de tels abus, de nombreux électeurs ont l’intention de boycotter le scrutin présidentiel en signe de protestation. Mais n’oublions pas la leçon des Régionales de juin 2021. En dépit d’une abstention record de près de 66 % au premier comme au second tour – un niveau jamais atteint sous la Ve République -, tous les sortants ont été réélus sans difficulté. La réalité est cruelle. L’abstention ne sanctionne pas les élus ; elle les protège. Même majoritaire, elle apparaît aux yeux du pouvoir comme un moindre mal, un incident de parcours sans conséquence pour sa survie électorale. Dès lors qu’il suffit de déplacer quelques milliers de voix pour faire basculer l’issue du scrutin, les militants les plus déterminés font gagner le champion de leur choix. Les mêmes élus interchangeables, représentants des mêmes partis, sont toujours aux mêmes postes pour mettre en oeuvre la même politique.

Les appels au boycott de la Présidentielle se multiplient sur les réseaux sociaux. Mais en ne votant pas, nous déléguons aux autres la liberté de décider à notre place, nous capitulons devant la professionnalisation des élites, nous laissons le copinage en bande organisée devenir la règle et nous nous privons de la possibilité de critiquer les décisions qu’ils prendront en notre nom à tous. 

Je peux comprendre l’intention de ces abstentionnistes qui, par leur silence, croient naïvement adresser un message contestataire et s’opposer à des institutions défaillantes. Mais on ne combat pas un adversaire en refusant de l’affronter. Boycotter l’élection présidentielle équivaut ni plus ni moins à déposer les armes aux pieds de son ennemi en lui disant ‘’faites ce que vous voulez’’. 

La liste serait longue, pour peu que nous décidions de nous lancer dans un inventaire à la Prévert de récriminations à l’encontre de nos gouvernants. Mais si les raisons de la colère sont multiples, il n’y a qu’une seule façon d’exprimer notre ras-le-bol, c’est le vote. La Révolution française de 1789 a instauré un nouveau mode de gouvernance. Fini, la monarchie de droit divin ; place à la démocratie. En usant de son droit de vote, le peuple révolutionnaire ne fait pas que choisir ses représentants. Il exprime un avis éclairé et matérialise son désaccord s’il le juge nécessaire. Car le principe démocratique issu de 1789 a prévu une solution permettant de s’opposer à l’ensemble des candidats. Cette guillotine électorale, instrument pacifique d’une « ras-le-bolution » saine et non-violente, c’est le vote blanc.

La seule façon d’agir au service de sa reconnaissance, c’est de s’en servir. 

 

”Je ne suis pas ‘accord, je vote blanc” Editions MaxMilo

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